dimanche 20 janvier 2008

extrait de la "Parole efficace"

d'Irène Rosier-Catach (Seuil, coll. "Des travaux", 2004)

(...) baptême de frères siamois: le prêtre doit-il encore dire dans ce cas "je te baptise" sans savoir s'ils ont une âme ou deux? Ou celui réalisé simultanément par deux prêtres dont l'un serait manchot et l'autre muet. Ou encore ces exemples incroyables d'erreurs de prononciation: "Ceci est mon corps fantastique" ou "mon corps d'airain", "Ceci est mon corps, celui de Robert", ou encore "Je te baptise au nom du Père - va chercher du vin -, et du Fils, et du Saint-Esprit" (p. 24-25)

Exemples réels de points en discussion, en dispute, comme cette fameuse histoire de bure consacrée: à partir de quel degré d'usure et de rapiéçage doit-elle à nouveau être consacrée, à supposer qu'elle le doive? Un officier du culte bègue ou un Président de la République "people" remettent-ils en question l'existence du corps sacré de la Nation?

La métaphysique paraît s'ancrer dans l'observation de ces broutilles du quotidien: s'y font jour les coutures du Grand-Tout, les grippages de la mécanique universelle. Vertigineusement.

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