mardi 3 janvier 2006

la tolérance

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Sur le site de Bernard Stiegler Arsindustrialis.org: un article stimulant de Marc Crépon sur la tolérance.

Elle implique une valeur limite (un "seuil"), une hiérarchie (un protagoniste indulgent faisant de l'utre son obligé), une inaction où peuvent couver toutes les haines et rssentiments.

"C’est ainsi que l’ordre de la tolérance appelle l’ordre de la reconnaissance, comme cela même qui la dépasse et ouvre la possibilité du dialogue."

Trois "reconaissances"
a) la reconnaissance du "besoin d’appartenance"
Que l'on "me" reconnaisse que j’ai un besoin vital de "nous", quand bien même je ne veux plus ou ne parviens plus à me reconnaître en lui, pour être un "je" (appartenir à ne signifie pas abonder avec).

"il n’y a pas de dialogue possible si, dans la façon qu’a l’autre de manifester en face de moi son appartenance, je ne reconnais pas la satisfaction d’un besoin que je partage avec lui et qui donne à sa culture (à sa langue, à ses croyances, à ses fêtes, à sa façon de se vêtir et de se nourrir, à ses repères) la même signification existentielle que je reconnais à ma propre culture (mes propres repères)."

вирус: L'assimilation n'est donc pas un mode d'accès au dialogue.

Autrement dit: reconnaîre à autrui son droit d'être pareil à moi sans cesser d'être autrui.
Cela va plus loin que ce que je pensais jusqu'alors: reconnaître à autrui son droit d'être un autre. Il manquait le retour au même! Se profile une reconstruction de la notion d'égalité?

b) Reconnaissance des besoins de la communeauté

De fait, il ne saurait y avoir de dialogue, soucieux et respectueux des différences culturelles, si les individus ne se voient pas reconnu un droit égal à manifester leur appartenance, en accèdant à ce que Will Kymlicka appelle une " culture sociétale ".

Je dis de ces cultures qu’elles sont " sociétales " pour souligner qu’elles ne renvoient pas simplement à une mémoire ou à des valeurs partagées, mais comprennent en outre des institutions et des pratiques communes.


c) Reconnaissance de la communauté: intitulé à l'ambiguïté malencontreuse et sous lequel il faut entendre: reconnaissance de ce que nous avons tous en commun (par delà les communautés).

"Qu’est-ce qui unit et rassemble les individus de cultures différentes suffisamment pour qu’ils se perçoivent réciproquement comme les interlocuteurs respectifs d’un dialogue et non comme des ennemis potentiels ?"
1 - Reconnaissance de l'humanitude (communauté transcendant les différences)
2 - La communauté historique (cf. la longue histoire des relations judaïsme-christianisme-islam, qui ne se réduit pas à des conflits!)

"Le dialogue ne saurait ancrer chacun dans l’image qu’il se fait non seulement des autres cultures, mais plus encore de sa culture propre (une image dont on sait qu’elle peut prendre la forme d’un fantasme identitaire). Il ne saurait être compris comme présentation réciproque d’identités cloisonnées. Il est, tout au contraire, dans la reconnaissance réciproque du besoin de culture, cette expérience de la communauté qui modifie la perception même que nous avons de nos appartenances, c’est-à-dire de notre propre identité, et nous permet de vivre ensemble."
(...)

вирус: La critique de la tolérance ne devrait-elle pas plus radicale? La tolérance paraît bien être la figure renversée de l'intolérable; la tolérance est de l'ordre du quand même, malgré tout; une façon de détester avec bonne conscience?

1 commentaire:

вирус a dit…

Et merci de ce petit mot :)
Je pensais aussi au panneau "Stationnement toléré" qui, je le tiens de source sûre, encourage les agents de police parisien à verbaliser les automobilistes amadoués.
Rien à faire, "tolérer" est toujours une façon plus ou moins hypocrite de "condamner".
Glissons: sans doute faut-il tolérer la tolérance!